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L’abbaye cistercienne de Clairmont

Matthieu

Guide Conférencier et Conseiller en Séjour

Cabinet de curiosités

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Le 05 juillet 2019

Dans les pas de St Bernard, puis dans ceux des demoiselles Denis et Blanchot...

Premier constat : cette abbaye, il faut la mériter ! Dans la plus pure tradition cistercienne, l'abbaye bénéficie d'un isolement voulu par ses fondateurs. Aujourd'hui située à proximité des communes d'Olivet et du Genest-Sainte-Isle, à quelques centaines de mètres de la ligne de chemin de fer Paris-Brest, le site reste peu accessible et méconnu du grand public.

Et c'est bien dommage, car c'est un véritable trésor de patrimoine que découvriront les visiteurs s'étant donné la peine de s'y rendre. Première fondation cistercienne dans le Bas Maine, il s'agit de l'une des 66 abbayes filles de la célèbre abbaye de Clairvaux, de Saint Bernard.
C'est l'occasion, ici, de faire un petit point sur l'orthographe du nom de l'abbaye : Clermont ou Clairmont ? Difficile de se faire un avis en se basant sur la signalétique, ou sur internet, car les deux versions coexistent dans des proportions équivalentes...

A Laval, la maison qui servait de résidence urbaine aux abbés est nommée « Hôtel de Clermont », cependant, les bénévoles qui assurent aujourd'hui la visite de l'abbaye préfèrent l'orthographe originelle de Clairmont. Renvoyant au latin Clarus Mons, la montagne imposante, cette orthographe permet d’affirmer la filiation avec son abbaye mère de Clairvaux, tout en rappelant qu'à l'origine, après que les seigneurs de Laval aient fait dont des terres de l'abbaye aux cisterciens, les premiers frères s'étaient installés sur les hauteurs, le temps de choisir l'emplacement définitif de leur abbaye.

L'histoire de l'abbaye ne fut pas de tout repos, nous y reviendrons, mais durant le Moyen Âge, c'était un des lieux les plus importants du christianisme dans l'ouest. En effet, peu de temps après sa fondation, au milieu du XIIéme siècle, deux des abbés de Clairmont furent appelés à occuper le siège épiscopal de Rennes.
L'abbaye de Clairmont fut également le principal lieu de sépultures de la famille des Laval, avant qu'on ne lui préfère la collégiale Saint-Tugal de Laval.
Dès 1204, les cisterciens de Clairmont furent en mesure de fonder une abbaye fille à Fontaine Daniel. Fait d'autant plus impressionnant que selon la règle, avant de pouvoir essaimer, les abbayes mères doivent comprendre un nombre déjà important de frères.
Dernier témoignage de l'importance du site : son église. De par ses dimensions, elle est encore de nos jours la plus grande du département de la Mayenne.

La révolution marqua un temps d'arrêt pour l'abbaye, qui fut évacuée par ses derniers occupants en 1791. Vendue par la suite comme bien national, elle fut exploitée en tant que bien agricole par ses propriétaires successifs, ce qui causa de nombreux dommages au site.

Mais un peu avant la seconde guerre mondiale, deux demoiselles, Mlle Blanchot et Mlle Denis, apercevant le cocher de l'église depuis le train, tombèrent amoureuses du site, et décidèrent de tout faire pour le sauver. Ce fut pour elles un long combat, d'abord pour pouvoir racheter l'abbaye, et ensuite pour la réhabiliter. Avec l'aide des bénévoles, et à force de volonté, c'est vraiment grâce à elles que le site a pu être sauvegardé.

Pour comprendre l'histoire de cette fondation exceptionnelle, son importance, et sa sauvegarde, nous vous invitons vraiment à vous y rendre. Les bénévoles, conformément au souhait des demoiselles Denis et Blanchot, continuent de faire partager leur amour pour ce site, et en assurent les visites. Foncez dans les pas de Saint Bernard, et découvrez l'histoire des demoiselles de Clairmont !