

Pour le savoir, nous nous sommes rendus sur place, afin d'observer les fouilles en cours, et d'écouter les explications des archéologues.
Pour rappel, l'intervention archéologique qui est en cours en plein cœur de la ville de Laval est un diagnostic préventif, qui vise à établir à évaluer le potentiel archéologique de la place dans le cadre du projet de requalification de la place du 11 Novembre. En fonction des résultats de cette opération, l’État décidera s'il est nécessaire ou non de prescrire une fouille. Les quatre archéologues de l'équipe sont donc au travail sur le site depuis le 11 mars, aidés notamment par le service voirie de la ville et un prestataire pour les travaux de décaissement.
Lors de notre visite, un archéologue nous a expliqué que la présence de la tour était attendue. En effet, elle apparaît clairement sur différents plans comme celui qui nous est montré, daté du début du 19éme siècle, sur lequel est représenté le projet d'aménagement de la « grande traverse », c'est à dire les actuelles rues de la Paix et de Gaulle.
Les premiers forages manquèrent de peu de faire perdre l'espoir à l'équipe, jusqu'à ce que finalement, la base circulaire de la tour soit découverte, à simplement quelques mètres de la fontaine centrale de la place. Les vestiges de la tour apparaissent clairement, à partir de 60cm de profondeur et jusqu'à 1m80, pour l'instant.
Les difficultés, pour l'équipe des fouilles, sont l'épaisseur et la variété des remblais sur cette place. Si l'équipe s'attendait à un remblais du 19éme siècle, ils ont également trouvé d'autres remblais datant vraisemblablement de la fin 17éme, lorsque l'étang qui occupait alors cet espace fut asséché et remplacé par une première place, la place de la Chiffolière .
Pour en revenir à la tour, le diagnostic archéologique bouscule déjà nos connaissances du monument. En effet, nous savions qu'il s'agissait d'une tour d'angle, et nous pensions qu'elle datait de la seconde partie du 15éme siècle. Nous supposions qu'il s'agissait une tour d'artillerie, aménagée à la façon de l'actuelle Tour Rennaise, qui date de cette époque.
Or, l'épaisseur moindre de ses murs (environ 2m, contre 4m pour ceux de la Tour Rennaise) invite à remettre en question cette hypothèse initiale, ou tout du moins à la discuter. Car une telle largeur de mur parait en vérité bien faiblarde pour résister à des tirs d'artillerie.
Peut-elle alors dater de la première enceinte fortifiée, élevée au début du 13éme siècle ? Ou d'un autre campagne de travaux antérieure au 15éme siècle ?
L'archéologie nous donnera bientôt la réponse à ces questions. Pour ce faire, les archéologues attendent de déterrer une ouverture de tir, actuellement à peine visible. Selon son utilité (archère ou canonnière) et sa forme, ils sauront dater sa période de construction, et de fait, celle de la tour du diable.
Mais au fait, pourquoi appelle-t-on cette tour la « tour du diable » ? La question reste en suspens à ce jour. Il apparaît toutefois que cette appellation serait tardive (18éme ou 19éme siècle), par rapport à l'édification de la tour. On peut y voir un lien avec sa position isolée, en tant que tour d'angle, très proche de l'ancien emplacement de la rivière Mayenne, au point que la tour avait quasiment les pieds dans l'eau.
Quoi qu'il en soit, le chantier continue pour les archéologues, afin de nous permettre de mieux connaître ce site. L'archéologie nous apportera bientôt de nouvelles réponses, mais aussi de nouvelles questions sur notre belle ville de Laval.