L'autre jour, je traversais le vieux pont à Laval, et mon regard s'égarait le long de la Mayenne. Il s'arrêta finalement sur un bâtiment étrange... une espèce de vieille bicoque orange/marron clair qui flottait sur la rivière. C'est typiquement le genre de trucs devant lesquels on peut passer dix fois sans y faire gaffe, et sans prendre le temps de s'y arrêter. Et on a tort.

Il s'agit en fait d'un bateau lavoir, un patrimoine unique en France qui fait la fierté de la ville de Laval. Ouvert à la visite pendant la saison touristique estivale, et durant « Les Lumières » en hiver, ce monument historique est également accessible sur demande toute l'année.

Alors je te vois venir, toi le touriste méprisant, dédaigneux, et hautain, qui ne jure que par les forteresses médiévales imposantes, ou les châteaux de la Loire, et qui se moque de la simple idée de visiter ce genre de monument minuscule. Sauf que voilà, pour la richesse patrimoniale comme pour le reste, ce n'est pas la taille qui compte.

Tu en veux de l'histoire ? Et bien tu vas être servi ! Et ce n'est pas de l'histoire romancée à outrance d'un prince ou d'un marquis, non ! Là, on va parler de l'histoire du peuple, celle des gens, des vrais. Alors, oui, ça fait peut-être moins rêver, mais ça fait réfléchir tout autant.

C'est facile pour toi, la lessive ? Une machine, et tout est propre ? Et si tu n'as pas de machine, un tour à la laverie ?

Mais connais-tu l'histoire des laveuses ? Ces femmes qui au début du 20ème siècle, travaillaient sur des bateaux-lavoirs comme le Saint Julien ? Oui, parce que là, il est seul, mais à la grande époque, vers 1904, l'année de sa construction, on en recensait 22 en enfilade le long de la Mayenne. Sachant qu'il pouvait y avoir jusqu'à 40 personnes sur un bateau de ce type, tu comprends, maintenant, l'importance de cette industrie ?

Tu devrais y aller, je te jure. Moi aussi, j'étais comme toi, je suis rentré à reculons, sur ce bateau-lavoir. Et après, j'ai compris. J'ai pu voir de mes yeux les "carrosses", ces boites en bois dans lesquelles les femmes travaillaient à genoux, sur un coussin, parfois, mais souvent simplement sur de la paille. J'ai lu les témoignages des laveuses qui racontaient comment elles devaient parfois briser la glace avec leur battoir, pour accéder à l'eau de la rivière. Et ce n'est pas vieux, tout ça. Puisque ce bateau n'a été fermé qu'en 1971. Il a ensuite été sauvé en 2009, restauré 4 ans, puis remis à l'eau en 2013... Tu penses vraiment qu'on se serait donné tout ce mal à Laval, si ça n'en valait pas la peine ?

Côté pratique :

  • Quai Paul Boudet à Laval
  • Ouvert à la visite du 1er juillet au 31 août 2016 de 10h à 12h et de 14h à 18h.
  • Fermé le lundi et le dimanche matin
  • Entrée gratuite