Nous avons interviewé l'équipe d'archéologues travaillant sur la place Saint-Tugal, où était érigé un cloître au Moyen-Age, celui de la Collégiale Saint-Tugal [NB : le terme collégiale désigne l'ensemble du site, c'est à dire aussi bien l'église collégiale que son cloitre]. Situées près du Palais de Justice, ces ruines marquent l'emplacement de l'ancienne nécropole des seigneurs de Laval. Il s'agit d'un diagnostic d'archéologie préventive subventionné par l’État où il est question de préciser, au préalable d'un aménagement, les vestiges du site.

Ces fouilles préventives s'effectuent près de l'ancienne Église Saint-Tugal où quelques éléments du 15e siècle sont conservés. Par exemple, le mûr porteur du cloître, les enfeus des niches funéraires ainsi que des corbeaux permettant d'accrocher la charpente. Seul le cloître a été totalement détruit.

Ces recherches ont commencé par la réalisation de galeries dans le sol. Cela a permis par la suite de mettre à jour des sépultures. Ces squelettes étaient probablement ceux de chanoines. En effet ils se regroupaient à l'intérieur de ce cloître dans le but de prier pour le Seigneur de Laval. Les chanoines, contrairement aux moines, n'avaient pas l'habitude de vivre en communauté.

Au fur et à mesure de leurs recherches, les archéologues ont multiplié les découvertes, à l'image de ce pot médiéval trouvé au niveau du bassin d'un des squelettes et à l'intérieur duquel a été déposé l’encens et le charbon utilisés lors de l'inhumation du défunt. Ils ont aussi fait la découverte d'une fosse dépotoir datant du 13ème ou 14ème siècle où les précédents occupants des lieux stockaient sans doute leurs déchets.

L'anthropologue, Arnaud Tastavin, pense aussi avoir identifié des squelettes d'aristocrates de Laval. En effet, il explique que lors de deux opérations, 23 squelettes ont été retrouvés sous des conteneurs, à l'emplacement de l'ancienne Église. Ces squelettes seront par la suite envoyés au laboratoire de Caen afin d'effectuer différentes analyses biologiques. Elles permettront de déterminer le sexe, la taille, l'âge du décès ou encore la présence d'éventuelles pathologies. Des analyses bucco-dentaires sont aussi envisagées, de façon à connaître le régime alimentaire (carné ou à base de céréales) de ces populations. Tous ces examens nous donneront des informations sur la stature et l'image des personnes inhumées et le type de cimetière dans lequel elles reposent.

Ce diagnostic archéologique est désormais terminé. Cependant, au regard de ces résultats, il est possible que l’État décide de poursuivre les investigations sous la forme cette fois ci d'une véritable fouille. Nous en saurons alors plus sur la Collégiale Saint-Tugal….

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